Ceci est une version d'archive [2015] // this is an archival version [2015]
Joachim Schmid

OTHER PEOPLE’S PHOTOGRAPHS 

Occurence, espace d’art et d’essai contemporains
10 septembre au 7 novembre 2015

Joachim Schmid est un artiste établi à Berlin qui se consacre à la récupération de photographies vernaculaires depuis le début des années 1980, incarnant ainsi la figure du glaneur visuel. L’ère numérique l’a amené à se tourner vers Internet, où il poursuit sa réflexion sur l’avenir de la photographie au sein d’une culture mondialisée. Dans le contexte actuel de frénésie et de déchaînement des images, Schmid fait partie de ces artistes qui entendent les apprivoiser et les maîtriser.

Sa série Other People’s Photographs (2008- 2011) se compose d’une collection de 96 livres autoédités comportant chacun une sélection d’images trouvées sur Internet selon un critère de classification plutôt insolite. Schmid constate que lorsque les images perdent le fil de leur origine, leur production effrénée nous entraîne dans un chaos absolu ; la mission de l’artiste consiste alors à rétablir l’ordre ou, à tout le moins, un ordre possible. Un ordre qui, non sans un clin d’œil malicieux, sème la confusion dans l’esprit d’un public naïf, mais suscite la complicité d’un public connaisseur, savourant cette parodie caustique des méthodologies de classification « officielles » des historiens et des musées.

Chaque volume de Other People’s Photographs rassemble un contenu varié en fonction d’un facteur unificateur – aussi arbitraire et absurde que cela puisse paraître –, établissant ainsi des manières possibles de catégoriser le monde. Mais, en fait, en récupérant pour la culture post-photographique la volonté encyclopédique de D’Alembert et de Diderot croisée avec les paradoxes pédagogiques de Borges, Schmid vient ébranler la cohérence de toute théorie de catalogage et d’archivage.

BIO

Né en 1955 à Balingen, Joachim Schmid vit et travaille à Berlin. Il a présenté ses œuvres dans des expositions individuelles et collectives à travers le monde, notamment au Lieu d’Art et Action contemporaine de Dunkerque (2015) ; au Museum Folkwang à Essen (2014) ; au Fotomuseum Winterthur (2014) ; à la Gagosian Gallery à New York (2013) ; au Musée de l’Elysée à Lausanne (2012) ; au Museo di Fotografia Contemporanea, Cinisello-Balsamo/Milan (2012) ; au Cleveland Museum of Art (2012) ; au Centre de la photographie Genève (2010) ; aux Rencontres d’Arles (2008) ; et à The Photographers’ Gallery à Londres (2007). Il a publié plus d’une centaine de livres d’artiste et plusieurs autres ouvrages. Ses œuvres se retrouvent dans de prestigieuses collections publiques, telles que celles de la Bibliothèque nationale de France à Paris, du Daelim Contemporary Art Museum à Séoul, du Stedelijk Museum Amsterdam, de la Maison Européenne de la Photographie à Paris, du San Francisco Museum of Modern Art et du Pitt Rivers Museum à Oxford. Il est représenté par la Galerie Alain Gutharc à Paris et par P420 Arte Contemporanea à Bologne.

www.schmid.wordpress.com
www.alaingutharc.com
www.p420.it

Portrait: © Pete Boyd

Big Fish, de la série Other People’s Photographs (2008-2011)

Airline Meals, de la série Other People’s Photographs (2008-2011)

Cleavage, de la série Other People’s Photographs (2008-2011)

ÉVÉNEMENTS

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Entrevue avec Joachim Schmid

(traduction libre du MPM en français)

Questions générales sur le processus créatif de l’artiste

Parlez-nous de votre démarche. Par quoi commencez-vous lorsque vous créez une nouvelle oeuvre? Qu’est-ce qui vous inspire?

Oui.

Quel artiste a eu le plus d’influence sur votre pratique et pourquoi?

Non.

Travaillez-vous sur plusieurs projets en même temps?

Oui.

Pouvez-vous nous décrire une journée typique dans votre vie d’artiste?

Non.

Si vous n’étiez pas artiste, que series-vous?

Oui.

Nous évoluons dans un nouvel ordre visuel dicté par une forme de « dictature de l’écran. » Ce nouvel ordre visuel est caractérisé par trois facteurs: l’immatérialité et la transmissibilité des images; leur profusion et leur disponibilité; et leur rôle décisif dans l’encyclopédisation du savoir et de la communication.

Pourquoi utilisez-vous des images trouvées?

Pourquoi tout le monde ne le fait-il pas?

Comment interprétez-vous et donnez-vous une nouvelle signification aux images trouvées?

Ça dépend.

Comment la diffusion et la circulation d’images sont-elles importante dans vos oeuvres?

Si l’oeuvre ne sort pas du studio, je serais aussi bien de rester au lit et me masturber plutôt que de travailler.

Quelle est la disctinction selon vous entre les techniques d’appropriation et l’utilisation d’images trouvées de nos jours?

Je ne pense pas à ce genre de question.

Questions sur son oeuvre

Quelle est la relation entre Internet et les livres puisque vous prenez des images d’Internet et vous les incluez dans vos livres?

Dans ce cas, les choses semblent assez claires. Internet est la carrière et le livre est ce que je fais du matériau pris dans la carrière.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler avec le livre comme format?

Le livre est le format qui fonctionne le mieux pour plusieurs de mes projets. Si d’autres formats avaient mieux fonctionné je les aurais choisis. De plus, je suis intéressé par la bibliothèque en tant que projet collectif de l’humanité et je suis heureux de participer à cet effort collectif en ajoutant quelques livres.

Comment sélectionnez-vous et archivez-vous les images trouvées pour 96 books from Other People’s Photographs?

Le projet est virtuellement sans fin mais je ne souhaite pour m’y attarder pour le reste de ma vie. Alors j’ai limité le nombre de livres. La sélection des thèmes est basée sur l’idée que ça ne devrait pas avoir de sens.

Qu’évoquent pour vous les thèmes sélectionnés (aéroports, pain, etc.) et comment les sélectionnez-vous?

J’ai sélectionné les 96 thèmes qui fonctionnaient le mieux, c’est-à-dire ceux pour lesquels j’avais un nombre suffisant de photos pour composer un livre convaincant.

Quel est l’avenir de l’image en art contemporain selon vous?

Toute tentative de prédire l'avenir de l'art est à peu près aussi prometteuse que la prévision de la trajectoire d'un ongle d'orteil coupé.

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