Beat Streuli

Depuis le début des années 1990, Beat Streuli investit les territoires des grandes métropoles mondiales et poursuit une observation rigoureuse de la foule dans les lieux de passage les plus anonymes. Il s’attache à capturer individuellement les passants lors de leur appa- rition furtive dans l’espace collectif de la rue. Avec la distance permise par l’usage d’un téléobjectif, Beat Streuli photographie le détail des silhouettes humaines, saisies dans l’instant de la rencontre impossible entre le photographe et son sujet. Paradoxalement tenu à l’écart de ces figures singulières, l’artiste resserre le cadrage au plus près des postures et des expressions, marquées par de forts contrastes d’ombre et de clarté. À travers le protocole de prise de vue et l’esthétique caractéristiques de ses séries, l’artiste interroge les effets pos- sibles de la lumière diaphane associée à la forte polychromie de ses photographies. Débarrassés de tout contexte spécifique, les clichés instantanés, isolés et particulièrement expressifs de Beat Streuli renforcent la vision de sujets dans leur individualité. À l’échelle de tira- ges monumentaux, les photographies font l’objet de diaporamas ou d’installations in situ. Les portraits constituent de vastes ensembles d’images correspondant à chacune des villes parcourues et sont à nouveau insérés dans le paysage urbain dont ils avaient soigneusement été extraits.

Les œuvres de Beat Streuli ont fait l’objet de nombreuses installations (MCA, Chicago, 1999 ; Palais de Tokyo, Paris, 2002) et ont été présentées dans le cadre d’expositions collectives (Triennial of Photography and Video, ICP, New York, 2003 ; « An Urban History of Photography », Tate Modern, Londres, 2008 ; « Objectivités », ARC, Paris, 2008) et monographiques (MAC’s, Grand-Hornu, 2008).