Christelle Lheureux

L’Expérience préhistorique (2003-2007) reprend l’œuvre cinématographique de Kenji Mizoguchi, Les sœurs de Gion (1936), raconte l’histoire de deux sœurs geisha dans le Kyoto des années 1930. Christelle Lheureux a refilmé les scènes plan par plan afin de créer une matrice ouverte à de multiples interprétations. Dans les différents pays où l’œuvre est présentée, elle fait appel à des écrivains locaux pour produire de nouvelles versions sonores du film. Les versions japonaise, française, coréenne ou encore italienne existent déjà; la version québécoise sera réalisée dans le cadre du Mois de la Photo à Montréal, avec la collaboration de l’auteur Wajdi Mouawad, pour être projetée en simultané avec le film de Christelle Lheureux à la Cinémathèque québécoise.

Christelle Lheureux
Née à Bolbec, France, en 1972
Vit et travaille à Paris, France
www.christellelheureux.com

Depuis le début des années 1990, Christelle Lheureux réalise des installations vidéo et des films qui mettent en question les conventions du cinéma, tant sur les plans formel que sémantique (origine, récit, construction narrative). Sa démarche relève principalement de la collaboration : l’évolution du scénario et les dialogues sont souvent laissés à d’autres, qu’ils soient réalisateurs, auteurs, critiques ou spectateurs. Ses narrations laissent ainsi une place prépondérante à l’interprétation et à la ré-interprétation. L’Expérience préhistorique (2003-2007) est un long métrage muet à plusieurs versions sonores. Christelle Lheureux est partie de la bande sonore des Soeurs de Gion (1936), film du réalisateur japonais Kenji Mizoguchi, pour réaliser un film muet de la même durée, selon le même découpage des scènes, avec les mêmes personnages presque inanimés en attente d’un récit. La projection de l’œuvre est accompagnée de casques audio qui diffusent une narration reconstruite dans certains pays où elle est présentée. L’artiste demande à différents auteurs d’improviser des scénarios dans leur langue à partir de la mise en scène. Il en résulte autant de manières d’interpréter les relations entre les personnages. Plus qu’un remake, L’Expérience préhistorique est une matrice qui permet l’empilement de plusieurs couches de récits. C’est une oeuvre constamment réinventée, un palimpseste. Rétrospection sur la préhistoire du cinéma, l’oeuvre rappelle le bonimenteur (le Grand parleur) qui accompagnait les représentations du cinéma des premiers temps pour expliquer le sens des séquences filmées au public.