Joana Hadjithomas et Khalil Joreige
(Liban + France)
Hadjithomas et Joreige font face à l’absence de documents et aux récits souvent tronqués ou partiels de l’histoire de Beyrouth. Avec Le Cercle de confusion (1997), ils proposent au spectateur de retirer et d’éparpiller 3 000 fragments d’une photographie aérienne de la ville. L’image, ramenée à une surface fragile et éphémère, fait écho à la destruction tant historique que symbolique de Beyrouth. Agissant contre la stigmatisation ou l’effacement des événements de la guerre au Liban, les artistes créent une image lentement menacée de disparition qui évoque les failles de la mémoire.
Cette œuvre participe à un questionnement sur la représentation et critique les définitions toutes faites de la ville. Chacun des 3000 fragments, collés sur un miroir, est numéroté et tamponné « Beyrouth n’existe pas ». L’installation permet aussi au spectateur, par son choix, de se révéler et de se refléter : Impossible de saisir la ville, on n’en tient qu’un fragment.
L’œuvre est présentée en première canadienne.
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige sont nés en 1969 à Beyrouth, Liban. Ils vivent et travaillent à Paris, France, et à Beyrouth, Liban.
www.hadjithomasjoreige.com
Travaillant en duo, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige se situent dans une pratique transversale qui, entre art et cinéma, interroge la capacité des images à rendre compte de l’histoire du Liban. Des archives historiques aux photographies aériennes captées sur Internet, des cartes postales de guerres urbaines au film techniquement simple (Don’t Walk, 2000), les artistes mobilisent ces médiums porteurs d’une mémoire collective et questionnent leur valeur de témoignage. Hadjithomas et Joreige soumettent constamment l’image à des opé- rations de destruction, où le geste iconoclaste convoque la subjectivité critique du spectateur (Le Cercle de confusion, 2001). Pour le projet continu Wonder Beirut, la dimension illusionniste de la photographie est également perturbée par les artistes qui la ramènent à une surface susceptible d’être abîmée, morcelée, brûlée. En exacerbant la fragilité des supports d’enregistrement du réel, ils révèlent les failles de la mémoire liées au trauma de la guerre civile (1975–1990). Luttant contre l’orientalisme ou la stigmatisation des images de Beyrouth (Postcards of War, 1968–1990), les artistes produisent une image intermédiaire, maintenue en suspens entre archive et fiction. Leurs œuvres ne tentent pas de documenter le réel dans sa totalité ; agissant par ellipse et suggestion, elles évoquent l’irreprésentable et la nécessité de réinventer l’imaginaire d’un pays et son identité collective.
Hadjithomas et Joreige sont les auteurs de films de fiction (A Perfect Day, 2005 ; Je veux voir, 2008) et documentaires (Le Film perdu, 2002 ; Khiam, 2003). Leurs installations ont été présentées à Beyrouth (Mois de la photo au Liban, 1998) et en Europe (« Beyrouth : fictions urbaines », Institut du monde arabe, Paris, 1997 ; « Iconoclash », ZKM, Karlsruhe, 2002). En 2009, plusieurs expositions leur ont été consacrées (« We Could Be Heroes, Just for One Day », MAMVP, Paris ; « Videoworks: Wish We Could Tell », A Space Gallery, Toronto).
GALERIE LEONARD & BINA ELLEN, UNIVERSITÉ CONCORDIA
1400, boul. de Maisonneuve Ouest, local LB-165
514 848 2424 # 4750
1 SEPT. – 10 OCT. 2009
mardi au vendredi, 12 h à 18 h ; samedi, 12 h à 17 h
> Conférence des artistes, vendredi 11 sept. 2009 à 16 h
> Vernissage vendredi 11 sept. 2009 à 17 h, en présence des artistes
> Diffusion de l’émission Le 4 à 6 de CIBL en direct de la galerie, vendredi 11 sept. 2009 de 16 h à 18 h