Kutluğ Ataman
(Turquie)
Utilisant la forme privilégiée de l’entrevue, l’œuvre 1+1=1 (2002) de Kutluğ Ataman dévoile l’histoire de Nese Yasin, condamnée à fuir les conflits communautaires qui divisent le Nord et le Sud de l’île de Chypre. Le récit devient un long monologue où la femme semble se trouver seule avec elle-même. Dédoublé sur deux écrans adjacents, le portrait révèle la quête identitaire du personnage à travers la partition de Chypre. En créant une image vidéo en miroir, Kutluğ Ataman expérimente un dispositif novateur pour transfigurer le récit intime et l’enjeu documentaire du témoignage.
Kutluğ Ataman est né en 1961 à Istanbul, Turquie. Il vit et travaille à Istanbul.
En 1997, avec sa première œuvre vidéo Kutluğ Ataman’s Semiha b. unplugged, le réalisateur Kutluğ Ataman ouvre le champ de son travail à de nouveaux procédés filmiques en s’émancipant du témoignage, du portrait et de leurs schèmes convenus. Sous une apparente neutralité de cadrage et avec une attention aiguë au détail, ses films associent une visée documentaire à une scénographie élaborée au sein de l’espace d’exposition. Les témoignages revisités des femmes de Women Who Wear Wigs (1999), de la botaniste Veronica Read (The Four Seasons of Veronica Read, 2002) ou de Ceyhan Firat (Never My Soul!, 2001) entremêlent les formes de la biographie, de la tradition orale et de l’entrevue. Le récit de chaque personnage s’offre en de longs monologues dans lesquels la parole est isolée et exacerbée. La figure de l’artiste disparaît et, laissant la parole faire l’événement, prend une dimension épique lorsque les personnages se trouvent en prise avec eux-mêmes. Le langage, souverain et soutenu sur plusieurs heures, impose sa structure à l’image : dédoublée, démultipliée, suspendue indé- pendamment du mur ou encore placée en un cercle, la projection infiltre l’espace dans sa totalité. De Vicious Circle (2002) à Küba (2004), l’artiste expérimente les effets de l’apparition de l’image et son extension tridimensionnelle. Loin de l’évidence du spectaculaire, l’économie expositionnelle de chaque œuvre adhère au plus près au personnage et à son identité complexe.
Plusieurs expositions personnelles ont été consacrées à Kutluğ Ataman depuis 1997 (MuHKA, Anvers, 2006 ; « Long Streams », Serpentine Gallery, Londres, 2002). Ses œuvres ont été exposées lors de la Triennale de la Tate (« Days Like These », Londres, 2003), de la Documenta 11 (Kassel, 2002) et de la Biennale d’Istanbul en 2003.
GALERIE B-312
372, rue Sainte-Catherine Ouest, espace 403
514 874 9423
4 SEPT. – 3 OCT. 2009
mardi au samedi, 12 h à 17 h
> Vernissage vendredi 11 sept. 2009 à 18 h