Pascal Convert

La Madone de Bentalha (2001-2002), sculpture monumentale en cire de Pascal Convert, réutilise de façon originale et ambitieuse un cliché d’actualité largement diffusé dans la presse internationale et célébré par la corporation du photojournalisme. Convert s’approprie ainsi une « icône de l’information » pour la transformer en une œuvre massive et pérenne, composée d’un mur de cire blanche dans lequel viennent s’inscrire en creux et en relief les formes de l’image. Contrairement à la consommation rapide et éphémère imposée par le régime médiatique, l’œuvre sculptée autorise la durée et la contemplation pour percevoir les enjeux dramatiques des scènes représentées.

L’œuvre est présentée en première canadienne.

Pascal Convert est né en 1957 à Mont-de-Marsan, France. Il vit et travaille à Biarritz, France.

Avec ses premières œuvres graphiques et ses premiers moulages de diverses parties de son corps, Pascal Convert se saisit de matériaux personnels et quotidiens — son appartement, ses bras, ses objets usuels — pour en fixer le souvenir. Au début des années 1990, l’artiste délais- se ces traces autobiographiques pour se tourner vers l’histoire collective et ses personnages enfouis ou oubliés : le résistant Joseph Epstein (Lettre au fils, 2007) et la journaliste russe assassinée Anna Politovskaïa (Tombe pour Anna Politovskaïa, 2007). Si Pascal Convert produit également des œuvres audiovisuelles de type documentaire, la technique de l’empreinte constitue le processus fondateur de son travail. Il crée des sculptures en négatif, travaillées dans les matériaux les plus traditionnels de la cire, du cristal ou encore du vitrail (abbaye de Saint-Gildas-des-Bois, 2009). Le triptyque Lamento (1998-2005) reproduit dans le volume et la pesanteur de la sculpture en cire l’iconographie de la mater dolorosa chrétienne qui marque l’esthétique de trois photographies de reportage journalistique. En déplaçant les images d’archive et de la presse actuelle vers la sphère artistique, Pascal Convert opère le passage d’un régime d’image à l’autre et donne une permanence à des photographies vouées à occuper temporairement la une des journaux. Il interroge la justesse et les écarts critiques — de l’absence à la surexposition médiatique — de l’image face à l’événement. En s’attardant sur ces figures, l’artiste les extrait de la temporalité quotidienne.

Pensionnaire de la Villa Médicis en 1990, Pascal Convert a participé à de nombreuses expositions en France (« Partage d’exotismes », Biennale d’art contemporain de Lyon, 2000 ; « L’Empreinte », Centre Georges-Pompidou, Paris, 1997). La série Lamento a été présentée inté- gralement en 2007 au Mudam du Luxembourg.