Roberto Pellegrinuzzi
(Québec, Canada)
MÉMOIRES
Parisian Laundry
10 septembre au 11 octobre 2015
Tout en établissant un équilibre entre la résolution esthétique et la réflexion conceptuelle, la production de Roberto Pellegrinuzzi remet en cause le dispositif et le signe photographiques à un point tel que nous ne savons plus si l’artiste est un photographe qui se sert de la sémiologie ou un sémiologue qui se sert de la photographie. Avec Mémoires (2015), présenté en première au Mois de la Photo à Montréal, il continue de jouer avec les paradoxes.
Borges raconte que Tchouang Tseu avait rêvé qu’il était un papillon. À son réveil, il ne savait pas s’il était Tseu qui avait rêvé qu’il était un papillon ou s’il était un papillon qui rêvait qu’il était Tseu. Est-ce nous qui créons les images ou est-ce que ce sont les images qui nous créent? C’est ce même doute que ressent le visiteur en pénétrant dans l’installation en forme de nuage, laquelle évoque l’idée de limite.
Pour créer cette œuvre, l’artiste a apporté son appareil photo partout avec lui pendant près d’un an, photographiant compulsivement tout ce qui se passait autour de lui. Au total, plus d’un quart de million de clichés ont été réalisés, un déferlement qui s’est arrêté lorsque la partie photosensible du capteur CCD, épuisée, ne permettait plus d’enregistrer de photos.
Avec les résultats imprimés en petit format, l’artiste a fabriqué une sorte de structure de nuage, dans laquelle le public est invité à s’immerger. Ce nuage ne fait pas seule- ment allusion à l’informatique; il constitue également une métaphore de la structure neuronale. Comme dans le cas de l’océan dans le roman Solaris, de Stanislaw Lem, Pellegrinuzzi suggère que cet océan d’images peut également contenir la « vie », la « conscience » ou la « volonté »… et qu’il faudrait donc se préparer pour cette nouvelle interaction métaphysique.
BIO
Né à Montréal en 1958, Roberto Pellegrinuzzi vit et travaille à Montréal et à Bolton-Est. Depuis 1985, il a présenté plus d’une cinquantaine d’expositions individuelles et collectives en Europe, en Inde, au Mexique, aux États-Unis et au Canada. Ses œuvres ont été présentées au Musée national des beaux-arts du Québec (2015) ; au Musée des beaux-arts du Canada (2012) ; à Pierre-François Ouellette art contemporain à Montréal (2012 et 2009) ; à la Leo Kamen Gallery à Toronto (2009) ; à Occurrence, espace d’art et d’essai contemporains à Montréal (2007) ; et au Musée d’art contemporain de Montréal (2006). Ses œuvres font partie de nombreuses collections publiques et particulières, dont celles du Musée des beaux-arts du Canada, du Fonds National d’Art Contemporain de France, de la Maison Européenne de la Photographie à Paris, du Musée d’art contemporain de Montréal et du Musée national des beaux-arts du Québec. Il est représenté à Montréal par Pierre-François Ouellette art contemporain.