Shelley Miller
(Québec, Canada)
Avec l’œuvre Cargo (The Wealth of Some and the Ruin of Others) (2009), Shelley Miller détourne les azulejos, carreaux de céramique bleu et blanc, traditionnellement présents dans la culture portugaise. Le motif populaire des navires est fabriqué à partir de sucre et évoque en filigrane l’histoire de l’État de Bahia, à travers le commerce de la canne à sucre et de l’esclavagisme. Vouée à être progressivement détruite par les intempéries, l’œuvre est photographiée au cours de son délitement. Sous la forme d’un trompe-l’œil, le cliché maintient en suspens l’intervention éphémère et fragile de l’artiste au cœur de l’espace public.
L’œuvre inédite est spécialement conçue pour Le Mois de la Photo à Montréal.
Shelley Miller est née en 1975 à Montréal, Québec, Canada. Elle vit et travaille à Montréal.
www.consumptuous.com
Les objets et les interventions de Shelley Miller appréhendent une culture vernaculaire sous ses apparences les plus diverses. En reproduisant les décors populaires de la société ou ses objets de consommation courante à l’aide de matériaux périssables, l’artiste déplace leur valeur usuelle et privée. Sous la forme de décorums éphémères, elle s’approprie les supports pauvres et inhospitaliers de l’espace public et appose ses propres signes sur les graffitis préexistants (Signature, 2006). Shelley Miller crée des figures temporaires dans la rue à partir de composants alimentaires, tels le sucre, le glaçage ou la meringue qu’elle manipule directement sur la surface murale. Les interventions s’élèvent sur les façades anonymes et au sein de lieux d’exposition où elles prennent la forme d’arabesques (Trimmings, 2002), de carreaux aux couleurs traditionnelles des azulejos (The Wealth of Some and the Ruin of Others, 2008), de caissons moulurés agencés à partir de moules à gâteau (Pipe Dreams, 2001) ou encore de figures publicitaires, comme cette automobile évoquant les désirs de consommation moderne en Inde (The People’s Car, 2008). Les traces délébiles de Shelley Miller se superposent aux éléments architecturaux ; opérant par recouvrement, elles dupliquent et détournent momentanément le paysage bâti. Son geste, à la fois pictural et artisanal — dont l’échelle à taille réelle renouvelle l’art populaire de la fresque —, se confronte au jeu optique du trompe-l’œil. Vouées à une dégradation progressive et à une nécessaire disparition, les œuvres soulignent la contingence de la ville et de ses symboles.
Ses œuvres ont été présentées lors d’expositions personnelles (Consumptuous, Access Gallery, Vancouver, 2005 ; Scopophilia, Galerie Articule, Montréal, 2006) et collectives (La Demeure, Optica, Montréal, 2002 ; Inside the Inside, The Lab, San Francisco, 2004 ; Saccharum BA, Museum of Modern Art of Bahia, Salvador, 2009).
FONDERIE DARLING
745, rue Ottawa
514 392 1554
INTERVENTION PUBLIQUE EXTÉRIEURE AU COIN DES RUES DUKE ET WILLIAM, VISI- BLE EN PERMANENCE À COMPTER DU 12 SEPT. 2009 JUSQU’EN AOÛT 2013
> Vernissage samedi 12 sept. 2009 à 17 h, en présence de l’artiste
Correction au programme :
L’œuvre présentée s’intitule Cargo (The Wealth of Some and the Ruin of Others)(2009)