Yael Bartana
(Israël + Pays-Bas)
Pour l’œuvre Summer Camp + Awodah (2007), l’artiste Yael Bartana a filmé un chantier de reconstruction mené par une organisation pacifiste israélienne sur les territoires palestiniens détruits en 2006. La vidéo juxtapose deux récits, créant une rencontre inédite entre les images du film de propagande sioniste Awodah (1935), de Helmar Lerski, et le quotidien d’une scène actuelle de résistance face au conflit. Jouant de la proximité des images et du décalage provoqué par la musique du film historique, l’artiste s’approprie l’esthétique propagandiste et déjoue les symboles et les mythes de l’histoire d’Israël. Summer Camp + Awodah sera présenté avec la vidéo Kings of the Hill (2003), où l’artiste filme au plus près les rites populaires extraits du quotidien de son pays d’origine.
Les œuvres sont présentées en première canadienne.
Yael Bartana est née en 1970 à Kfar Yehezkel, Israël.
Elle vit et travaille à Tel-Aviv, Israël, et à Amsterdam, Pays-Bas.
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Dans son œuvre vidéo, l’artiste investit des lieux et des temps spécifiques : la colline de Gilad — théâtre d’une évacuation forcée en 2002 — devenant le terrain de jeu d’un groupe d’adolescents (Wild Seeds, 2005), la minute de silence de Yom Hazikaron (Jour du souvenir à la mémoire des soldats israéliens tués au combat) arrêtant un instant le trafic routier (Trembling Time, 2001), un chantier de reconstruction (Summer Camp, 2007), une compétition de camions dans les dunes (Kings of the Hill, 2003). Extraites de scènes ordinaires, les séquences portent néanmoins le poids d’une signification politique. Les premières œuvres de Yael Bartana réalisées dans les années 1990 filment les rituels collectifs où se dessinent en filigrane les enjeux idéologiques latents d’Israël. À partir des années 2000, le travail de l’artiste porte sur le fondement de la nation et sa complexe construction identitaire, envisagés à travers les archétypes de la propagande sioniste. Yael Bartana se saisit de cet héritage historique de films, de discours ou d’affiches qu’elle associe à ses propres images (Summer Camp, 2007) ou dont elle recrée l’esthétique par mimétisme (Mary Koszmary, 2007). Les stratégies de montage et de superposition présentes dans ses films et ses photographies font cœxister les séquences — captées sur le vif — et les images de propagande qui sont dès lors lentement démantelées et dépossédées de leur verve politique originelle. Présentant des œuvres qui échappent à toute interprétation figée, Yael Bartana rejoue sans cesse les récits possibles d’Israël et ses dynamiques sociales.
L’artiste a participé à différentes expositions en Israël (« We Never Looked Better », Museum of the Jewish People, Tel-Aviv, 2008 ; Sommer Contemporary Art, Tel-Aviv, 2004) et à la Documenta 12 (Kassel, 2007). Le P.S.1 Contemporary Art Center lui a consacré plusieurs expositions personnelles (New York, 2003, 2008).
VOX, CENTRE DE L’IMAGE CONTEMPORAINE
1211, boul. Saint-Laurent
514 390 0382
11 SEPT. – 24 OCT. 2009
mardi au samedi, 11 h à 17 h
> Vernissage vendredi 11 sept. 2009 à 19 h 30
> Visite commentée, réservation requise, 514 390 0382